Bloomin ou la genèse d'un projet à la croisée des RH et de la Tech

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Arnaud TESTU, co-fondateur de Bloomin
Arnaud TESTU, co-fondateur de Bloomin

 

Comme c'est souvent le cas des salariés qui deviennent entrepreneurs, Arnaud Testu a créé Bloomin en réaction à un problème qu'il avait maintes fois expérimenté au cours de sa carrière professionnelle. La mission que s'est donnée la startup consiste à améliorer la performance globale de l’entreprise, en facilitant des relations entre collaborateurs et managers. Et pour Arnaud, une nouvelle manière d’aborder la relation passe par le réenchantement du feedback collaborateurs.

Pour Neftys, le co-fondateur de Bloomin a accepté de revenir sur la genèse d'un projet à la croisée des RH et de la Tech, sur les avantages d'intégrer la recherche dans le développement d'une startup et sur le choix clé des partenaires au moment de construire son plan de financement.

L'épanouissement en entreprise comme clé de la performance individuelle et collective

"La création de Bloomin fait écho à un parcours de vie et à une carrière assez atypiques", commence Arnaud Testu lorsqu'on lui demande comment lui est venue l'idée de créer la startup aujourd'hui incubée au sein du Rhizome de Paris & Co. Tout au long de sa carrière, le co-fondateur de Bloomin a en effet alterné entre des postes au sein de grands groupes et d'entités publiques d'une part, et des missions au sein de structures plus agiles.

Le point commun à toutes ces expériences ? Une certaine frustration, et surtout la compréhension intime du lien entre épanouissement au travail et performance, tant individuelle que collective.

"Même en startup où l'on travaille en petit comité sur des projets pour lesquels on est très investis, on peut tout à fait se heurter à des problématiques d'épanouissement individuel", explique ainsi Arnaud. Il donne l'exemple des dissensions qui peuvent apparaître entre les associés d'un projet - cas qu'il a vécu et qui l'a poussé à mettre fin à une aventure entrepreneuriale.

C'est fort de ces considérations que l'entrepreneur a commencé à imaginer une palette d'applications innovantes destinées aux grands groupes, axées autour de problématiques RH comme le micro-learning ou les enquêtes de bien-être. "Concernant ces dernières, je me rends rapidement compte qu'il y a un besoin marché réel" confie le co-fondateur de Bloomin. Il s'explique : "les enquêtes annuelles sont pour la plupart désenchantantes, à la fois pour le collaborateur qui se sent enjoint à répondre à un questionnaire peu ludique, et pour le manager qui ne verra pas d'exploitation immédiate des données recueillies". Le projet Bloomin naîtra dans la foulée, après une rencontre avec Thomas Le Gac, alors DG de la startup Synthesio et qui semble animé par les mêmes valeurs qu'Arnaud. Jusque dans son nom ("to bloom", s'épanouir ; "in", dans l'entreprise), la startup porte la volonté d’améliorer la prise en compte des besoins des collaborateurs – ce qui passe notamment par une meilleure gestion des feedbacks recueillis auprès de ces derniers.

Si l'âme du projet est mûe par une volonté de trancher avec l'existant, son exécution l'est tout autant.

Une plateforme qui rend le feedback des collaborateurs réellement actionnable 

Dans un contexte de guerre des talents de plus en plus pressant, les entreprises, si elles veulent attirer et garder les meilleurs éléments, doivent faire preuve d'agilité en matière de ressources humaines. 

En tant que responsable de l'équipe produit et tech, Arnaud Testu a développé Bloomin comme une plateforme SaaS articulée autour de quatre piliers du management. L'actionnabilité d'abord, qui postule que le feedback recueilli doit avoir une utilité concrète. "En fonction du feedback, on peut orienter l'employé vers des contenus spécifiques, comme du coaching, de la formation ou du micro-learning par exemple", détaille le co-fondateur de Bloomin. Le corollaire est de rendre le collaborateur et son manager de plus en plus autonomes au sein de l'organisation. "L'impératif de prendre le pouls auprès des équipes est d'autant plus palpable en période de crise sanitaire et de confinement ; sans compter que si ce dernier devait se prolonger ou se renouveler, un outil automatisant les process de feedback et de développement personnel permettrait aux directions RH de réaliser des économies d'échelles..." admet Arnaud. Enfin, la plateforme est pensée avec une dimension « fun », loin des questionnaires rébarbatifs généralement administrés aux collaborateurs, et flexible, la rendant adaptable à la culture de l'entreprise.

Parallèlement à ces principes qui cadrent la philosophie de Bloomin, la startup a appliqué les méthodes popularisées sous le nom du Hook Model. Le but ? S'assurer de l'engagement et de l’implication du collaborateur en continu. Car sans surprise, la motivation de ce dernier est d'autant plus forte lorsqu’il s'aperçoit que son feedback est suivi d'actions concrètes de la part du management...

De l'importance d'intégrer la recherche académique au sein d'une startup pour créer des verrous technologiques

Si Bloomin convainc des clients comme Orange, BNP et Decathlon avec une proposition de valeur qui répond à un besoin réel pour ces entreprises, c'est aussi parce qu'elle alimente les innovations de sa plateforme par de la recherche sur deux sujets de fonds : le Natural Language Processing (NLP) d'une part et les trois formes d'intelligence (rationnelle, émotionnelle et spirituelle) d'autre part. Dans ce cadre, un docteur en NLP aide ainsi les équipes de la startup à développer des algorithmes de machine learning pour analyser les milliers de commentaires recueillis, et notamment ceux à caractère sensible, afin de produire un système d'alerte corrélé – qui permet de détecter rapidement les signaux faibles lié à l’état mental du collaborateur. Les chercheurs engagés par Bloomin s’intéressent de près à l'intelligence spirituelle, sans doute la moins connue des trois formes d’intelligence. D'après Arnaud Testu, c'est la capacité cognitive impliquant une perception plus holistique d’une situation donnée et une recherche de sens débouchant sur une action plus réfléchie en adéquation avec ses valeurs. Avec l'adoption récente de la loi PACTE, qui permet à l'entreprise d'inscrire sa mission dans ses statuts, il apparaît crucial pour Bloomin d'intégrer ces dimensions, tant dans les questionnements au sein des enquêtes soumises au collaborateur que dans la plateforme elle-même.

Evidemment, l'intégration de chercheurs au sein des équipes d'une startup engendre son lot de challenges, avec en premier lieu la différence de temporalité entre le monde académique et le monde entrepreneurial. Mais le co-fondateur de Bloomin reconnaît également que la recherche est un élément clé pour créer des barrières à l'entrée et sceller des verrous technologiques par rapport à ses concurrents. Ainsi, le dispositif CIFRE se révèle-t-il extrêmement précieux pour une startup comme Bloomin, en lui permettant d’embaucher à temps plein des doctorants qui souhaitent poursuivre un travail de recherche dans un environnement dynamique.

Trouver des partenaires aussi rapides que soi

Sur un marché "où il n'y a pas de place pour tout le monde", ainsi que le reconnaît Arnaud Testu, il est primordial d'aller vite. Et pour cela, il faut que le capital soit disponible rapidement. "Comme pour toute société en croissance, nous avons construit notre plan de financement sur notre traction", explique le co-fondateur de Bloomin. Après avoir recouru à ses début à de la "love money", la startup a bouclé une première levée de fonds de 1,2 millions d’euros en janvier 2019 auprès de Business Angels et du Club des Prophètes - un club d'investisseur "exceptionnel" selon Arnaud. Dans les deux cas, c'est la rapidité d'exécution qui est avant tout recherchée par l'entrepreneur. Une fois le product-market fit prouvé, Bloomin a activé des leviers de financement non-dilutifs auprès de Bpifrance et de la Région, en plus des prix gagnés dans les divers concours de startups. Les fonds sont consacrés en priorité à la partie Tech et Produit d'une part, et aux recrutements Sales et Marketing d'autre part. L'enjeu pour Arnaud Testu ? "Activer les recrutements maintenant et pas dans six mois", confie le co-fondateur de Bloomin. De ce point de vue-là, le recours aux services de Neftys a été décisif aux yeux de l'entrepreneur. Dans le processus habituel de demande du Crédit Impôt Recherche, il aurait fallu attendre que le bilan comptable soit prêt pour demander la restitution du CIR, ce qui aurait conduit Bloomin en septembre a minima. Grâce à Neftys, la startup a pu bénéficier de la somme dès janvier de la même année. Or, comme le formule si bien ce startuppeur de longue date : "gagner six mois sur les recrutements, ça peut changer la donne pour une startup comme la nôtre !"

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