BioMeca aide l’industrie cosmétique et pharmaceutique à prouver l’efficacité de ses produits

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La jeune entreprise de biotech lyonnaise BioMeca propose des services innovants basés sur la biomécanique pour caractériser et prouver l’efficacité des principes actifs et produits développés par les entreprises de cosmétique et de pharmaceutique.

En croissance annuelle de 5 %, le marché mondial des cosmétiques devrait dépasser d’ici 2031 les 600 milliards d’euros (selon une étude de Transparency Market Research). Bien que non limitée à ce marché prometteur, la cosmétique est le principal terrain d’étude de BioMeca, une entreprise lyonnaise fondée fin 2016 par Julien Chlasta à l’issue de son doctorat en morphogénèse des tissus.

Son objectif : proposer aux sociétés de cosmétique des méthodes innovantes pour tester et valider l’efficacité de leurs ingrédients actifs et produits finis, et alléguer de manière scientifique les promesses marketing de leurs produits, tels que « anti-âge », « repulpant », ou bien même tout simplement « hydratant ». BioMeca travaille en majorité avec des grands comptes de la cosmétique tels que L’Oréal, LVMH, Pierre Fabre et bien d’autres.

« Depuis de nombreuses d'années, on allègue l’effet d’un produit de façon biologique, c'est-à-dire en utilisant des technologies traditionnelles », explique Julien Chlasta. « Nous, nous sommes arrivés avec une innovation qui permet de montrer le rôle du produit dans la fonction cellulaire. On va plus loin dans la caractérisation de l'effet du produit. On montre que son effet est véritablement associé à la cellule, et que, par exemple, le collagène produit est un collagène structuré, c'est-à-dire qu'il va venir enrichir le derme. »

Utiliser la microscopie de force atomique

Pour démontrer l’efficacité d’un principe actif ou d’un produit, BioMeca s’appuie sur la biomécanique et la microscopie de force atomique (AFM), une technologie développée dans les années 1990 en physique avant d’entrer dans le domaine de la biologie et que BioMeca utilise sur ce marché en l’associant avec d’autres technologies, options et logiciels propriétaires.

« Notre métier repose sur un savoir-faire unique qui est spécialisé dans la caractérisation des propriétés physiques de matériaux. C'est à dire que l'on regarde l'élasticité, la rigidité, la tension, l'hydratation, ou autre, de cuirs, de polymères, mais aussi de systèmes biologiques comme des cellules et des tissus », détaille Julien Chlata.

Les tests, qui peuvent aller de quelques semaines à plusieurs mois, sont réalisés sur des cultures cellulaires, des explants de peau - tissus issus de chutes de chirurgie plastique. L’AFM permet de mesurer les changements de tensions intersèques aux échantillons et donc, d’extraire des milliers de données qui sont ensuite interprétées pour valider l’effet du produit.

« On voit s'il y a des augmentations ou des diminutions des paramètres de rigidité, ce qui va être le reflet soit d’un effet tenseur de surface, soit d’un effet hydratant au niveau de l'épiderme, ou d’un effet de fermeté au niveau du derme, etc. On associe ensuite le résultat scientifique que l'on obtient à des allégations cosmétiques », décrit Julien Chlasta.

Mesurer les propriétés biomécaniques de la peau en temps réel

De cette technologie et de ce savoir-faire, BioMeca a également conçu un dispositif de mesure in vivo pour que ses clients puissent eux-mêmes générer ce type de mesures directement en études cliniques. Le dispositif, breveté en 2020 et nommé « Easystiff », est en quelque sorte un « microscope de force atomique que l'on a miniaturisé », décrit le fondateur de BioMeca, qui permet de mesurer en temps-réel les propriétés biomécaniques de la peau sur n’importe quelle partie du corps.

Au départ financé par un prêt de la Banque Publique d’Investissement, « Easystiff » est commercialisé depuis 2023 dans cinq pays.

Enfin, à côté de la prestation de services et de la vente de son dispositif, BioMeca a également lancé son bureau d’études fin 2022, lui aussi générateur d’innovations. « On co-développe avec nos clients les innovations de demain qui vont venir répondre à leurs autres challenges de caractérisation », assure Julien Chlasta. Le bureau d’études de BioMeca mène actuellement trois programmes de co-développement avec des grands comptes, « ce qui va conduire à la mise sur le marché de nouveaux dispositifs d’ici 2025-2026 », prévoit le fondateur de BioMeca.:

Des clients parmi les plus grands acteurs du marché

Le bureau d’études de BioMeca tout comme la vente de « Easystiff » permettent à l’entreprise, autofinancée depuis sa création fin 2016, de diversifier et sécuriser ses revenus, pour ne plus reposer uniquement sur la prestation de services. La biotech lyonnaise se félicite d’avoir doublé son chiffre d’affaires en 2023 et de débuter cette année 2024 en réalisant +15% par rapport à la même période l’an dernier.

Il faut dire que depuis sa création, l’entreprise travaille avec de nombreux grands groupes en cosmétiques, en France comme à l’international, et ce sur plus de 190 projets. Elle compte parmi ses clients des références tels que L’Oréal, Chanel, Valmont, ou encore Exsymol, qui en faisant confiance à BioMeca lui ont permis d’établir sa notoriété. En outre, BioMeca bénéficie de la renommée mondiale de la marque France en cosmétique.

Si démarcher les premiers clients a pu s’avérer complexe, notamment par la nécessité d’expliciter et de démocratiser une technologie, Julien Chlasta assure qu’aujourd’hui de nombreuses sociétés s’adressent désormais à lui et son équipe après avoir eu vent de leurs collaborations et de leurs publications.

Accompagner les sociétés porteuses d’innovations

Marché en pleine croissance, notamment avec la tendance mondiale du skincare, la cosmétique présente pour BioMeca un autre intérêt : celui de la démarche d’innovation pure des grands groupes comme L’Oréal ou LVMH. « Ces sociétés n’utilisent pas nos résultats pour le communiquer directement au consommateur, mais parce qu’elles sont en recherche perpétuelle d'innovation.  Cela les pousse à chercher des technologies discriminantes et c'est là que l'on intervient » explique Julien Chlasta.

Un défi de l’innovation qui est aussi celui de BioMeca : « Notre principal challenge est qu’il faut absolument continuer à innover pour pouvoir être concurrentiel et ne pas devenir un simple prestataire de service. Il faut savoir être agile et pivoter rapidement pour accéder à des marchés d'intérêt. »

En cosmétique, BioMeca porte actuellement son regard vers les marchés asiatiques, Japon et Corée du Sud en particulier, et américains. En parallèle, l’entreprise travaille également de plus en plus avec l’industrie pharmaceutique, sur la validation de médicaments pour la cicatrisation.

Fort de ses bons résultats en 2023, après avoir réduit les investissements lors des crises du Covid-19 et des composants électroniques, BioMeca entend lancer une campagne de recrutements pour étoffer son équipe lyonnaise de 9 personnes et s’atteler à ses nouveaux défis.

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