BBright veut apporter la qualité Ultra HD du cinéma au direct télévisuel
Nos articles Tech
Le grand public ne prête désormais plus qu’un œil distrait aux appellations telles que HD, Ultra HD, 4K, et autres formats médias, tant il est habitué à leur présence, sur smartphones, tablettes et écrans de télévision. Mais pour les diffuseurs de contenus, ces formats viennent changer la donne en offrant une meilleure expérience utilisateur, mais en nécessitant aussi, des adaptations technologiques. Il y a 10 ans, BBright a été parmi les premiers à faire le pari de l’émergence de la Ultra Haute Définition, permettant à cette start-up rennaise d’équiper aujourd’hui les plus grands diffuseurs nord-américains et européens.
Vers une généralisation du direct en Ultra HD
Depuis quelques années, se déroule une révolution dans le monde de la diffusion d’événements en direct, en particulier d’événements sportifs, avec la généralisation de l’Ultra Haute Définition (Ultra HD, ou UHD). À l’instar de la dernière Coupe du Monde de la FIFA au Qatar, en 2022, d'autres évènements sportifs majeurs pourraient également apparaître en très haute qualité sur nos écrans. Et ce, tout en permettant au spectateur de jongler d’une image à l’autre, allant d’une caméra embarquée aux coulisses ou à une vue d’ensemble.
La plupart de nos équipements, smartphones, tablettes, écrans de télévision, sont déjà en mesure depuis de nombreuses années de recevoir ce type de médias, mais faut-il encore que les opérateurs de réseau et les chaînes de télévision soient aussi en mesure de transmettre et de diffuser cette multitude de contenus.
Pour rendre cela possible, BBright travaille depuis 2013 au développement et à la commercialisation de solutions permettant aux diffuseurs de récupérer des contenus médias en ultra haute définition provenant des lieux de production, c’est-à-dire là où se produit l’événement, et de les diffuser ensuite en direct.
Une transposition technologique du cinéma à la télévision
En 2013, lorsque Guillaume Arthuis, fondateur et CEO de BBright, décide de monter sa société, celui-ci fait le pari de se lancer sur un marché de niche, l’Ultra HD, et anticipe la migration progressive des contenus médias vers ce format. À cette époque, le marché est inexistant en Europe et démarre tout juste aux Etats-Unis.
C’est outre-Atlantique, justement, que Guillaume Arthuis vient de passer plusieurs années au sein d’une société américaine leader dans le marché du cinéma numérique. De cette expérience, naît une intuition : celle de l’émergence de la haute définition dans le domaine de la télévision. “En cinéma, ce qu’on appelle l’Ultra HD, ou la 4K, est une technologie qui était déjà déployée depuis de nombreuses années”, explique Guillaume Arthuis. “L’idée, c’était donc de reprendre ces améliorations de qualité dans le domaine du cinéma, et de les transposer à la télévision en direct, pour améliorer l’expérience utilisateur.”
Les premiers gros déploiements voient le jour en 2017 et 2018, d’abord principalement aux Etats-Unis, où existe une traction technologique qui permet à BBright de commencer à déployer ses solutions. L’entreprise rennaise signe un premier contrat avec DirecTV, le plus gros réseau de distribution satellitaire en Amérique du Nord qui lance alors plusieurs chaînes en Ultra Haute Définition dédiées au sport.
De la création des contenus à leur diffusion
“Ils cherchaient des équipements leur permettant de recevoir les flux tournés sur les lieux de production (dans les stades, sur les terrains de golf, etc.), de les vérifier et de garantir un maximum de qualité”, détaille Guillaume Arthuis. BBright se positionne précisément sur trois types d’activités pour répondre aux besoins des opérateurs.
BBright fournit, tout d’abord, des équipements qui permettent aux chaînes de télévision de recevoir et transporter des flux médias en très grande quantité et en très haute qualité. Et ce, de plus en plus via le “tout-IP”, c’est-à-dire via un protocole internet, plutôt qu’une transmission satellitaire. “Quand auparavant les caméras avaient un câble vidéo qui alimentait un enregistreur, maintenant tout passe sur de l’IP, par des formats qui permettent de transporter de la vidéo, de l’audio, des métadonnées, sur une infrastructure purement IP, donc sur un réseau similaire à ce que l’on trouve dans un data center ou une entreprise”, explique Guillaume Arthuis.
La seconde activité de BBright consiste à fournir des solutions permettant d’enregistrer et de rejouer les contenus transmis en live, ce qu’on appelle “l’ingest and playout”. Enfin, la troisième activité est le monitoring : c’est ce qui permet aux équipes opérationnelles de s’assurer de la bonne qualité du contenu tout au long de la chaîne de transmission et de diffusion.
“Un contenu télévisuel en direct, aujourd’hui, ce n’est pas seulement une image et du son, ce sont souvent plusieurs pistes de son, parce qu’on va devoir gérer plusieurs langues. Nous devons aussi gérer des métadonnées pour insérer des sous-titres ou de la publicité, et donc il y a un ensemble de données à vérifier qui est de plus en plus important”, ajoute Guillaume Arthuis. La solution de monitoring de BBright se distingue notamment par le fait d’être spécialisée dans les nouveaux formats, tels que l’Ultra Haute Définition, l’audio immersif de Dolby Atmos et les technologies HDR.
Une plus grande compatibilité et une plus grande densité
Pour mettre au point un équipement capable de répondre à ces besoins, BBright a dû relever plusieurs défis technologiques en R&D, dont l’un des principaux a été l’intégration de nombreuses technologies de compression et de décompression audio et vidéo. “Nous avons intégré la plupart des codecs aujourd’hui utilisés par l’industrie” assure Guillaume Arthuis. “C’est là où nous nous différencions de la concurrence, puisque nous avons vraiment une compatibilité plus grande.”
En outre, “il y a eu un gros effort fait sur ce que l’on appelle la densité pour permettre à un seul équipement de recevoir un nombre de flux beaucoup plus important”, explique Guillaume Arthuis. “Auparavant, un équipement recevait un seul flux. Aujourd’hui, il en reçoit 8, et demain on pourra monter à 16, voire plus, par équipement.”
La société travaille également avec plusieurs partenaires technologiques, tels que Dolby pour l’audio et Technicolor pour l’image, afin d’intégrer leurs technologies aux solutions développées.
Une entrée chez France Télévisions et Canal+
Fort de son expérience sur le marché américain, BBright est parvenu à convaincre les premiers opérateurs européens à partir des années 2020. “Nous sommes sur un secteur où la marche pour rentrer est assez haute. Quand vous êtes sur la chaîne principale qui reçoit un match de la Coupe du monde, si votre équipement tombe en panne, ce n’est pas un utilisateur qui va être impacté, mais des millions. C’est pourquoi il a vraiment une grosse notion de confiance et de stabilité pour pouvoir commercialiser ces solutions aux opérateurs”, confie Guillaume Arthuis.
Aujourd’hui, BBright compte parmi ses clients les plus grands opérateurs français avec Canal+, France Télévisions, britanniques avec Sky, et américains avec la Fox, NBC Universal et Charter Communication. “Nous avons un portefeuille clients qui est assez exceptionnel pour la taille de notre société” se félicite Guillaume Arthuis, “avec à peu près un tiers de notre activité en Amérique du Nord, un tiers en France, et un tiers sur le reste de l’Europe.”
“Nous avons un petit peu d’activité en Asie du Sud Est aussi, et nous devrions avoir nos premiers déploiements cette année en Afrique”, ajoute Guillaume Arthuis. Pour autant, la start-up reste focalisée sur ses deux zones d’activités historiques, plus à même financièrement d’investir dans ces solutions haut de gamme.
40 % de croissance en 2022
Société purement privée, sans fonds d’investissement au capital, BBright a su bénéficier de l’écosystème français pour se développer, avec le soutien de la BPI, de la région Bretagne, et du CNC (Central National du Cinéma). En 2022, BBright a réalisé une croissance de quasiment 40 %, qu’elle espère maintenir cette année.
“Nous avons souvent la même approche : nous rentrons par la porte de l’innovation, en vendant un équipement à un client. Celui-ci le teste, puis au bout de 6 moins, 1 an, il est satisfait de BBright, il se dit qu’il y a du support, que nous sommes plus réactifs que les gros fabricants historiques. Ensuite, il nous sélectionne pour des déploiements qui sont de plus en plus importants. Nous différencier par la qualité et le service, c’est ce qui nous a permis de rentrer chez des très grandes chaînes de télévision”, affirme Guillaume Arthuis.
BBright entend désormais massivement miser sur une autre de ses expertises, celle du transport “tout-IP”. “L’Ultra HD reste un marché de niche : aujourd’hui, cela représente moins d’un tiers de nos ventes. En revanche, le basculement des infrastructures vers du “tout-IP” est une réalité, et il s’agit d’un vrai levier de croissance pour nous, puisque nous sommes sur ces technologies depuis de nombreuses années.” Une véritable perspective d’accélération de la croissance de BBright avec l’augmentation constante de flux média à transmettre.
À lire également
-
Nos articles Tech
Handddle fait passer l’industrie manufacturière au 4.0 avec la puissance de l’IA
Présents à l’édition 2024 de VivaTech, nommés par Forbes en 2023 parmi les « 30 under 30 » qui « créent les produits, méthodes et matériaux de demain », Handddle est une jeune start-up bordelaise qui entend profiter des technologies d’intelligence artificielle pour rendre l’industrie manufacturière plus efficace, plus fiable, moins polluante et moins coûteuse.
-
Nos articles Tech
BioMeca aide l’industrie cosmétique et pharmaceutique à prouver l’efficacité de ses produits
La jeune entreprise de biotech lyonnaise BioMeca propose des services innovants basés sur la biomécanique pour caractériser et prouver l’efficacité des principes actifs et produits développés par les entreprises de cosmétique et de pharmaceutique.
En croissance annuelle de 5 %, le marché mondial des cosmétiques devrait dépasser d’ici 2031 les 600 milliards d’euros (selon une étude de Transparency Market Research). Bien que non limitée à ce marché prometteur, la cosmétique est le principal terrain d’étude de BioMeca, une entreprise lyonnaise fondée fin 2016 par Julien Chlasta à l’issue de son doctorat en morphogénèse des tissus. -
Nos articles Tech
Maillance : aligner profitabilité et réduction de l’empreinte carbone de l’industrie pétrolière et gazière grâce à l’IA
“Le monde est entré dans une décennie critique pour faire advenir un système énergétique plus sûr, durable et aux coûts abordables – les perspectives d’accélération des progrès sont prodigieuses si des actions fortes sont engagées immédiatement”, indiquait l’Agence internationale de l’énergie dans son rapport de 2022.
Et parmi les actions à engager afin d’aligner la trajectoire du mix énergétique mondial avec la lutte contre le dérèglement climatique, il faut notamment pouvoir optimiser l’existant : “en attendant que la part provenant du pétrole et du gaz diminue, on peut réduire ses émissions, et nous rendons cet objectif de réduction compatible avec la profitabilité recherchée par les industriels”, expose Jean-Paul Dessap, CEO et fondateur de Maillance.