Fybots et son robot intelligent connecté

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En raison du contexte sanitaire et économique inédit, les PME innovantes peuvent se retrouver déboussolées par la rapidité des changements et le manque de recul nécessaire au pilotage quotidien de leur activité. Parce qu'elles intègrent une part importante de R&D, ces entreprises démontrent une réelle capacité à adapter en urgence leurs travaux afin de répondre au mieux au contexte changeant. C’est le cas de Fybots, une entreprise qui fabrique des robots de nettoyage au concept unique : totalement autonomes, jusque dans la recharge, ses robots conçus et fabriqués en France sont capables d’évoluer dans des environnements complexes sans intervention humaine et en évitant les obstacles fixes et mobiles. Rencontre avec Guillaume Arnoud, CEO international de Fybots, pour comprendre comment l’entreprise a mis au point en quelques semaines un robot qui répond aux problématiques nouvelles liées à l’épidémie de coronavirus.

 

Des passionnés de robotique depuis toujours…

L’histoire de Fybots est une histoire au long cours : plus de dix ans se sont écoulés entre la rencontre des fondateurs lors de compétitions internationales de robotiques, l’incubation de l’entreprise en 2010, et la commercialisation du premier modèle de robot de nettoyage autonome en 2015. « Il s’est passé près de sept années entre le moment où les fondateurs, Yoann Devulder et Bertrand Meneroud, ont respectivement quitté l’industrie automobile et les semi-conducteurs pour en revenir à leurs premières amours - la robotique – et le moment où ils ont fini de développer un prototype », confie Guillaume Arnoud, CEO de Fybots international et directeur commercial. Derrière un tel retour aux sources, il y a la volonté de la part des deux hommes de créer à une échelle industrielle un robot de nettoyage de sol. « Nettoyer des grandes surfaces pose son lot de difficultés : il s’agit souvent d’environnements complexes, de surfaces immenses avec des recoins et des spécificités, comme des objets disposés à des hauteurs différentes, et ces endroits ne sont pas toujours propres… » explique le dirigeant. Selon lui, les fondateurs ont toujours été fascinés par ce défi technologique à résoudre – la notion d’évitement d’obstacle étant déjà présente dans les compétitions internationales auxquelles les fondateurs participaient à l’époque. Mais où réside exactement la complexité technologique des robots de Fybots, entièrement conçus et fabriqués en France ?

…qui ont réussi à relever un défi technologique de taille

Pour comprendre la prouesse technologique derrière les robots Fybots, il faut en revenir à des notions de physique élémentaire. Outre la gestion du phénomène d’électricité statique qui accompagne les déplacements du robot, c’est sur l’autonomie de ce dernier que l’entreprise française se démarque de ses concurrents. Les ingénieurs de l’équipe ont en effet réussi à concevoir un robot capable de fonctionner douze heures d’affilée – là où la concurrence tient en général entre 4 et 5 heures. De plus, l’autonomie est complète, c’est-à-dire que le robot accomplit seul l’ensemble des tâches, sans l’aide d’un opérateur - du démarrage au repositionnement sur sa base, en passant par le déchargement des déchets. Comment le robot s’adapte-il à un environnement de travail par nature changeant ? « Grâce à la puissance de calcul de l’algorithme d’une part, et à l’expérience de la différence d’environnement d’autre part », révèle Guillaume Arnoud.   


Après la phase de prototypage ont eu lieu les premières pré-commercialisations du robot auprès de clients comme MAPEI et Bouygues Energie & Services. Aujourd'hui, Fybots compte la majorité de ses clients dans la logistique, « où il y a une vraie problématique de poussière », l’industrie au sens large et le secteur tertiaire avec notamment les aéroports. « Nous allons bientôt sortir une nouvelle offre de robots moins volumineux, plus adaptés aux petites surfaces comme les bureaux d’entreprises », dévoile le CEO international de Fybots au sujet de l’évolution de la gamme de produits. Mais c’était sans compter sur la covid-19.


Avec la crise, la santé redevient la priorité

De manière générale, l’interviewé constate que la crise de la covid-19 a mis un coup de projecteur sur un élément fondamental quoique souvent trop laissé pour compte : la désinfection des lieux de travail. « Avec la crise du coronavirus, la santé est redevenue prioritaire par rapport à la productivité », note le CEO de Fybots international, « et l’on peut espérer que la question des conditions de travail ne s’en ira pas avec le virus mais qu’elle sera pérenne ». De ce point de vue là, la fiabilité des robots Fybots constitue un élément clé pour rassurer la clientèle, aujourd'hui plus que jamais consciente des enjeux de propreté. 


L’entreprise fait partie de ces acteurs qui ont su rebondir pendant la crise sanitaire, pour proposer en quelques semaines un produit intégrant une technologie de pointe adapté au nouveau contexte. Dès les premiers signaux du coronavirus, la direction de Fybots a cherché dans le paysage de la robotique française un acteur avec qui s’associer pour mettre sur pied une solution de décontamination d’un nouveau type. L’entreprise a trouvé en Octopus Robots le partenaire idéal, tant d’un point de vue technique que de logique collaborative. En quelques semaines, les deux entreprises ont développé un robot qui combine l’expertise en balayage autonome de Fybots à la technologie de désinfection par voie aérienne d’Octopus. Le résultat ? Fybots Octopus Disinfect' XL, le tout premier robot de désinfection autonome par voie aérienne capable de nettoyer de grandes surfaces par atomisation d'un « brouillard sec » sans dépôt résiduel.

 

 « Il y a une logique de win-win évidente entre nos deux sociétés, qui évoluent dans un même univers avec des dimensions très similaires et une expertise complémentaire», confie le dirigeant de Fybots international à propos de la collaboration avec Octopus. Pour monter ce partenariat, Fybots a travaillé à distance avec la société spécialisée dans la désinfection de surface, par visio-conférence. Au contexte inédit répond ainsi un mode de collaboration nouveau. « Maintenant que le robot Fybots-Ocotpus est au point, nous travaillons sur l’ouverture de marchés bénéfiques aux deux entreprises ». 


Aller à l’international sans perdre l’ADN de PME familiale


Le modèle de Fybots a ceci de spécifique que, contrairement à ses concurrents, l’entreprise garantit ses robots pendant une durée de cinq ans, et prend donc à sa charge les coûts de maintenance et les mises à jour des machines. « Nous sommes très confiants sur la fiabilité de nos robots, nos équipes de R&D travaillent en permanence à l’amélioration continue de nos machines », explique Guillaume Arnoud. Aujourd'hui présents dans 17 pays, dont la majorité en Europe, Fybots a récemment signé un partenariat avec un distributeur américain. « Nous pouvons régler à distance 90% des problèmes qui interviennent sur la centaine de robots actuellement sur le marché, mais pour les 10% restants, nous comptons sur nos distributeurs locaux, que nous choisissons pour leur savoir-faire technique ». Comment soutenir de telles ambitions internationales d’un point de vue financement ? « Avec Neftys, nous travaillons sur les différents scenarii de financement, que ce soit via des appels de fonds ou des solutions en bourse », déclare le CEO de Fybots international, qui a rejoint l’entreprise il y a deux ans et demi. D’après ce dernier, les investisseurs s’intéressent en effet de près à Fybots, tant d’un point de vue technologique que par la traction commerciale que l’entreprise a su générer, démontrant un réel potentiel auprès d’acteurs industriels internationaux. L’enjeu majeur de cette pépite de la robotique française semble être, pour les années à venir, de préserver son ADN de « PME  familiale, ou plutôt amicale », conclut le dirigeant dans un sourire confiant.